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La Gazette du scrabble
29 décembre 2008

TOILE MAGIQUE

HERBILLON2

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Tout d’abord j’ai une question à poser : Il fait froid, très froid, lorsque nous sortons il y a ce phénomène de vasoconstriction qui se produit, nos pieds semblent plus petits que nos chaussures, nos mains aussi, tout notre corps se recroqueville, et pourtant en cette période de fêtes accompagnée d’une période de froid j’ai remarqué une chose, ce sont mes vêtements qui semblent avoir rétrécis. Je ne comprends pas ou je fais semblant de ne pas comprendre. Il y a eu Newton, Archimède, peut-être que le bon docteur Cohen, nutritionniste omniprésent dans les médias pourrait aussi énoncer  un théorème pour m’expliquer pourquoi ce sont mes vêtements qui rétrécissent et pas moi.

« D’où suis-je ? Je suis de mon enfance comme d’un pays »  Saint-Exupèry.

Hier soir, ISC marchait très mal dans certaines régions, impossible de jouer au scrabble. Le programme de la télé étant nul comme d’habitude, il me restait à surfer sur internet. J’avais mis en favori un site sur Herbillon qui se situe en Algérie, son nom est maintenant Chetaibi, c’est là que je passais mes vacances lorsque j’avais une dizaine d’années. Herbillon était un village construit sur une presqu’île, c’était le bout du monde, la route s’arrêtait là, il se situait à deux heures de route de Bône (Annaba) et pour moi c’était un paradis, ma tante possédait un hôtel restaurant très fréquenté l’été, nous avions une liberté totale, et hier soir je cliquais sur des photos de ce site, que de souvenirs, nous pouvions nous baigner des journées entières, j’ai revu le rocher qui me semblait si loin dans la mer, et maintenant tout près de la plage avec mes yeux d’adulte, Basile qui était un client m’amenait avec lui très loin pour nager, j’avais le droit de m’accrocher à son pied pour revenir si j’étais fatiguée, j’entends encore le hurlement de ma petite sœur piquée par une méduse. Notre fond de maillot était usé à la fin des vacances. Pendant les heures les plus chaudes de la journée nous pouvions aller à la Fontaine Romaine, un oasis de fraîcheur, des arbres, des bananiers, pour moi c’était la jungle,  au moindre froissement de feuilles nous nous attendions toujours à voir surgir un lynx ou un puma, mais non ce n’était qu’une petite tortue inoffensive, nous nous amusions à nous faire peur. Un bateau de guerre échoué là depuis plus de 10 ans attendait d’être découpé, mais il nous impressionnait.
Au restaurant les mérous énormes, les bonites bleutées arrivaient pour être taillés en tranches, et quelquefois une langouste toute seule, mon oncle avait trouvé le truc pour la manger sans être dérangé, il piquait une colère à faire trembler les murs, faisait semblant d’être fâché, se retranchait dans le fond de la salle, personne n’osait l’aborder et il se régalait. Il revenait ensuite avec un grand sourire pour se réconcilier avec la tablée. Il y avait un dessert qui me tentait beaucoup, des plaques de tartes, ce n’était pas du citron mais une espèce de confiture recouverte de meringue, elles refroidissaient et je ne pouvais pas m’empêcher de tremper mon doigt dans la meringue, et comme nous reconstituions une tribu pendant l’été, personne ne savait à qui appartenait cette trace de doigt. Il fallait bien songer à rentrer, nous avions la peau tannée par le soleil et par le sel, et j’entendais maman qui disait en me regardant habillée avec un chemisier blanc « J’ai l’impression de voir une mouche tombée dans un verre de lait ». Moments bénis de l’enfance. Puis la guérilla a fait son apparition, cela devenait dangereux de prendre la route qui traversait toute la Kabylie, nos vacances se sont espacées, et en 1962 il a fallu partir. Herbillon qui était un tout petit village a grandi, je sais que je n’y retournerai jamais. J’aime mes souvenirs. Je dis souvent à Christian à chaque fois que nous retournons dans le midi, qu’il a bien de la chance de retourner voir son école, l’endroit où il habitait tout près d’Aix-en-Provence, de revoir ses copains qui se soumettent au rituel de la partie de pétanque chaque après-midi.

Je regarde avec amusement et quelquefois avec étonnement pousser mes petits-enfants, les racines bien ancrées dans la terre bretonne au point qu’un de mes petits-fils se sent exilé à St-Brieuc, à une centaine de kilomètres de chez lui. Mais j’ai le sentiment qu’une de mes petites-filles me ressemblera, j’attends pour voir, et est-ce un signe, elle est née le même jour que moi. Lorsque je leur énumère tous les sangs qui coulent dans leurs veines, ils rient : Du luxembourgeois, de l’espagnol, du savoyard, du béarnais, de l’alsacien, du provençal, et du breton (que des peuples soumis !) et encore pour le breton on ne peut être sûr de rien, les espagnols ne sont-ils jamais arrivés en Bretagne ?

Voilà pourquoi j’ai appelé cette gazette « La toile magique ». Sans internet je n’aurais jamais revu ce village de mes vacances, je laisse des messages sur le forum de ce site et on me répond, un habitant d’Herbillon a racheté la maison de ma tante et me demande des photos d’avant qu'hélas, je ne possède pas. En cliquant sur ce lien vous pourrez découvrir quelques photos de ce petit paradis.     MClaire.   

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