Les ados et les grands-parents

LES ADOS et LES GRANDS-PARENTS :

Juste un moment de mélancolie et de soulagement au même instant, deux sentiments se mêlent en voyant l’été qui arrive.

Notre premier ado n’est plus tout à fait un ado bientôt 19 ans, nous l’avons souvent gardé  et avec lui, les uns après les autres, ceux qui sont arrivés dans notre famille, quatre en même temps quelquefois, des étés surchargés de travail, mais de grands moments de joie et de franche rigolade, des balades en vélo, des vacances ensemble, et voilà un été se profile, où nous serons libres de notre temps ; nous avons souvent soupiré « Mais quand aurons-nous du temps pour nous occuper de nous l’été ? » Je crois que ce moment est arrivé, peut-être pas tout à fait, la dernière à 6 ans ? Je pense surtout que c’est très bien ainsi, un monde nous sépare de ces adolescents que nous ne reconnaissons pas, il parait qu’il faut laisser passer cette période pour mieux les retrouver plus tard. J’espère qu’ils ne nous demanderont pas de garder leur progéniture.

Des ados qui tendent la joue pour vous dire bonjour, un iPod sur les oreilles ou pressés de retourner devant leur ordinateur sur internet pour chatter avec une copine qu’ils viennent juste de quitter, qui vous répondent par des onomatopées, vous osez donner votre avis et vous entendez « C’est bon, ça va », vous constatez qu’à quatorze ans les filles se maquillent déjà, et je ne peux m’empêcher de penser que moi à quatorze ans je portais encore des socquettes,  j’avais pris une gifle retentissante parce qu’un jeudi au pensionnat alors que je n’attendais  vraiment aucune visite, mon père était venu me surprendre et avait découvert que mes lèvres portaient des traces de rouge à lèvres, j’avais aussi dessiné un trait au crayon sur mes jambes pour faire croire que je portais des bas, cela ne se faisait pas, une vraie débauche !

Ils arrivent chez vous, s’étalent sur vos canapés, c’est à peine s’ils vous laissent une place pour vous asseoir, choisissent leur programme sans vous demander votre avis, ce qui donne lieu à une âpre discussion pour que vous retrouviez votre émission préférée. Les filles se regardent dans une glace en disant « Ce que je suis moche » et font éclater tout ce qui dépasse de leur visage !! Ils se vautrent sur leur lit en écoutant de la musique à fond, vous vous écoutiez en douce et très bas Brassens chanter « Gare au gorille » en ayant l’impression de transgresser.

Ils vous font croire qu’ils vont peut-être adopter la mode gothique en s’habillant en noir ou en se barbouillant leurs ongles de vernis noir (les filles), et éclatent de rire en voyant votre visage virer au gris. Ils chuchotent dans leur téléphone portable dernier cri, et se moquent du vôtre, une antiquité parait-il.

« Il y a quoi à manger »  « Des haricots verts et de la viande » « Purée  c’est pas vrai, j’aime pas du tout, il n’y a pas une pizza ? » et en disant purée je reste polie ! Une fois, le plus grand vous demande de lui préparer un poulet-frites, il adore. Enfin, vous allez pouvoir lui faire plaisir et évidemment vous dites oui, et ce jour là vous percevez son manque d’appétit, jusqu’au moment où il avoue qu’il avait tellement faim en venant qu’il s’est arrêté acheter un kebab, cette chose infâme que vous refusez de goûter.

Il y a aussi celle qui a 17 ans à qui vous demandez des nouvelles de Jérémy, « Jérémy ? C’est fini, c’est Antony » Bon ! Passons à autre chose, je crois d’ailleurs qu’Antony aussi n’est plus d’actualité, Clément non ? C’est de ma faute, j’ai toujours prétendu qu’être amoureuse donne bonne mine, elle suit à la lettre les conseils de mamie….Nous, un simple petit mot griffonné sur un papier nous faisait rougir et rêver !

Une copine sonne à la porte et vous voyez l’ado se transformer, taciturne il était, complètement survolté il devient, il est intarissable en paroles avec la copine, méconnaissable !

Ne pensez pas qu’ils sont vraiment mal élevés, ils sont tous comme ça, même ceux qui paraissaient si sages.

Alors, vous essayez de comprendre, vous savez que l’adolescence signe la fin de l’enfance, qu’ils ont l’impression d’être pris dans une spirale, ils vous entraînent avec eux dans un monde que vous ne comprenez pas, les parents sont souvent désarmés devant ce jeune qui est tendu et qui communique son mal-être, ils ne savent plus où commence l’autorité et s’il faut négocier, mais le pouvoir n’appartient pas aux enfants. Les grands parents sont là en cas que…. Ils le font savoir et attendent que cette fameuse crise passe, mais en même temps un peu égoïstement pensent que ce n’est pas leur rôle de s’occuper de ces gamins qui deviennent presque des étrangers « Un temps pour tout » c’est la phrase la plus entendue. Notre premier été sans nos petits-enfants arrive, snif !  J’aimais bien tout de même, pas tout l’été, quelques jours, non ? Vous ne voulez pas, alors restez chez vous et amusez vous bien avec vos COPAINS !!! Je plaisante, c’est la vie.    MClaire.